C’était au mois de juillet…. le vendredi 19 juillet 2024 après-midi pour être plus exact, juste après avoir terminé ma journée de travail à 14h45. C’était surtout le début de mes vacances, avec pour objectif de relier à vélo l’Île d’Oléron, mon lieu de villégiature, depuis Genève en environ 48 heures. 720 km à parcourir à vélo, répartis sur trois jours.
Je vais vous partager ici ce magnifique voyage :
mon épopée de 720 km à vélo en 48 heures
jour 1 : départ de Genève
14h45, après le travail, j’ai pris la route sans perdre de temps. Le défi était de taille, mais j’étais motivé.
Direction Chancy pour quitter la Suisse en direction de Bellegarde-sur-Valserine, puis Nantua et son magnifique lac.
Vers la fin de la journée, je me suis retrouvé face à une longue montée d’environ 12 km. À ce stade, cette côte m’a semblé interminable, mais je tenais absolument à la franchir avant de dormir.
Après 8h40 de pédalage, j’avais parcouru 180 km avec 1 890 m de D+.
Peu après 23h, je me suis accordé 6 heures de sommeil bien méritées, dans un champ, avant de repartir pour le deuxième jour. Pour dormir, j’avais un matelas gonflable, une doudoune fine mais très chaude, un coupe-vent, et des collants épais de running. La nuit fut humide et, pour ajouter un peu de piquant, les moustiques ont décidé de me tenir compagnie ! Heureusement j’étais bien emmitouflé dans ma doudoune.
Jour 1 en chiffres
- 8h37
- 179 km
- 1 890 m D+
- 1 650 m D-
jour 2 : le jour le plus long
Le deuxième jour, c’était le gros morceau. Avec 326 km à avaler et presque 18h sur le vélo, j’ai senti chaque coup de pédale.
Ce jour-là, le profil de dénivelé était particulier : une succession de petites collines à gravir. les pentes n’étaient pas ardues, mais le parcours était ponctué de montées et de descentes sans fin. À chaque colline gravie, une nouvelle s’annonçait, et cela s’est répété tout au long de la journée. Le paysage restait assez uniforme, avec de longues lignes droites qui s’élevaient et retombaient. Pas facile pour le moral.
Le dénivelé positif a grimpé à 2 370 m. Au km 120 de cette deuxième journée, je me suis autorisé une petite pause de 15-20 minutes dans une boulangerie, le temps de boire un soda et de manger un sandwich.
Après cette épreuve, 6h50 de sommeil devraient me permettre de récupérer suffisamment pour repartir le lendemain. Ce soir-là, j’avais encore la motivation pour rouler, mais un orage était prévu et je l’entendais déjà gronder au loin. J’ai donc décidé de pousser jusqu’à Montmorillon, en me disant que là-bas, je pourrais trouver un endroit plus protégé que la nuit précédente.
Juste avant d’arriver à Montmorillon, je traverse une zone industrielle et aperçois un grand parking devant un centre commercial. L’endroit était bien protégé de la pluie par l’avant-toit, et caché de la vue depuis la route par une haie. J’ai pu m’installer et dormir beaucoup mieux que la nuit précédente. Seul problème, un vent soufflait fort. Alors j’ai sorti ma couverture de survie pour éviter de me transformer en glaçon. Todo-list pour la prochaine escapade : ne pas oublier de prendre un bivy (sac de couchage de survie réutilisable).
Jour 2 en chiffres
- 17h52
- 326 km
- 2 370 m D+
- 2 910 m D-
jour 3 : cap sur l'Île d'Oléron
Le dernier jour, la perspective de voir la mer m’a donné un coup de boost. Il me restait 217 km à parcourir en près de 8h30 pour réussir mon défi, un objectif atteignable si l’on considère le peu de dénivelé restant.
Mais après avoir affronté quelques collines sur les premiers 100 kilomètres de la journée, j’ai vite découvert que la véritable difficulté restait à venir : le vent !
Je savais que j’avais de grandes chances d’avoir le vent de face en allant en me dirigeant vers l’Atlantique. Vers la fin, le vent était si fort qu’il m’était parfois difficile de rouler à plus de 15 km/h, tellement il fallait lutter pour avancer. On aurait dit que le vent avait décidé de me donner une leçon de résistance en mode “force de la nature” ! J’ai compris que finir sous les 48 heures serait impossible, et au final, j’ai mis un peu plus de 49 heures.
Peu importe, j’ai aussi vécu des moments forts ce jour-là… D’abord, au km 130, lorsque j’ai aperçu les premiers panneaux indiquant l’Île d’Oléron, je me suis dit : “Voilà, on y est presque.”
Ensuite, l’arrivée sur le pont d’Oléron et sa traversée ont été des instants euphorisants, dignes d’une conquête épique ! Il me restait environ 25 km pour relier l’entrée de l’île à ma destination finale, plus au nord.
Enfin, l’entrée dans le village où vit mon fils, et l’arrivée où ma famille m’attendait, ont été des moments inoubliables.
Jour 3 en chiffres
- 10h16
- 217 km
- 920 m D+
- 1 030 m D-
bilan
Mission accomplie ! En trois jours et un peu plus de 49 heures au total, j’ai bouclé 720 km depuis Genève jusqu’à l’Île d’Oléron.
Bilan des 3 jours en chiffres
- 720,86 km parcourus et 5 844 m d’ascension
- sur une durée totale de 49h39mn35sec
- dont 33h07mn26sec sur le vélo
- et 12h48mn de temps de sommeil ainsi qu’une durée cumulée de 3h43mn pour les divers petits arrêts lors des déplacements
- avec une vitesse moyenne globale de 21,8 km/h
Équipement et gestion des inconforts
Pour ce voyage, j’avais choisi un équipement minimaliste, même au niveau des habits et du couchage, car le voyage se faisait en plein mois de juillet et je n’allais pas en altitude. J’avais une sacoche de selle de 10 litres qui contenait ma doudoune, mon collant, ma veste coupe-vent/pluie, de quoi faire une toilette, ma couverture de survie, les outils de réparation, un cadenas, etc. Accroché à cette sacoche dans sa housse de rangement, j’avais mon matelas gonflable.
L’idée de ne pas prendre de sac de couchage et d’utiliser ma doudoune à la place s’est révélée idéale. Pour la prochaine fois, j’ajouterai un mini coussin gonflable. Sur place, une fois arrivé, j’avais tout le nécessaire déjà présent pour la suite de mes vacances, donc je pouvais me permettre de ne prendre que le minimum avec moi.
Sur mon dos, je portais un gilet de trail de 10 litres rempli de nourriture : des barres énergétiques, des fruits secs (abricots), des bonbons Haribo, des poudres de boisson d’effort, des pastilles d’électrolyte, des biscuits salés, de la protéine de lait, du saucisson… Bref, pas de la grande gastronomie, mais de quoi subvenir à mes besoins en glucides et en protéines, ce qui m’a permis de ne quasiment pas m’arrêter pour manger.
J’avais également deux bidons de vélo d’un litre chacun, plus une gourde souple de 500 ml. La journée de samedi a été particulièrement chaude, et parfois il a été difficile de trouver de l’eau. Ce que j’en retiens pour la suite, c’est qu’il faut profiter de chaque occasion pour faire le plein d’eau.
Niveau électronique, j’avais un compteur Garmin 1040 avec une bonne autonomie. Mais comme je partageais en permanence ma position via l’option de suivi de Garmin, la batterie du compteur et celle du téléphone ont été pas mal sollicitées. Heureusement, j’avais avec moi une batterie externe de 30 000 mAh avec laquelle j’ai pu recharger mes deux appareils. Au final, à l’arrivée, il me restait 50 % de batterie sur le téléphone et le Garmin, et 30 % sur la batterie externe.
En ce qui concerne la gestion de l’effort, je pense avoir bien géré globalement. Je suis resté constamment en zone 2 au niveau des pulsations cardiaques, ce qui m’a permis de maintenir un bon équilibre entre endurance et récupération. Cette approche a porté ses fruits, car je n’ai ressenti aucune douleur particulière le lendemain de l’arrivée, ni de fatigue excessive.
Côté inconforts, évidemment, le mal aux fesses est arrivé au bout d’un moment, mais heureusement, je n’ai pas eu de problème de frottements grâce à l’application régulière de crème anti-frottements. Cela dit, ce n’était pas le plus gênant. Le pire, c’était l’appui des mains, surtout le samedi, après tant d’heures de vélo. Même mes avant-bras étaient irrités à force d’alterner entre les mains sur le guidon et les bras sur les prolongateurs. Pour la prochaine fois, je pense tester des gants d’été bien rembourrés et des manchettes de vélo.
Niveau éclairage, mon équipement m’a permis de rouler quelques heures de nuit sans problème.
Cyclo rédacteur : Stéphane R., l’aventurier du CAVS !