Notre beau département, comme toujours, n’a pas laissé passer l’évènement. Le Comité Départemental de Haute-Savoie de notre Fédération, CODEP74/FFvélo, sous la présidence de la très dynamique Catherine, s’est chargé de réunir une trentaine de participant(e)s et d’organiser leur montée vers Paris.
Ah, la belle expérience vélo ! Pour une première, je ne vous dis pas, ce fut une première ! Yveline et moi on n’avait jamais fait un périple pareil — six jours de vélo en itinérance — et d’ailleurs, on n’était pas censées en être ! Moi, je m’étais inscrite, mais sur liste d’attente. Je n’ai sauté le pas qu’un petit mois avant, dans un élan de folie, sur le mode “on verra bien”.
Rassemblement à Annecy pour le départ
Alors, voilà. Le dimanche du 26 mai fut le jour J. Réveil à 5h00 du matin. Oui, vous lisez bien, cinq heures ! Mais là, rien à voir avec le lever pénible des jours de travail, on saute hors du lit avec joie ! On jubile, on se rappelle l’impayable “Moi, mon truc c’est l’vélo !” du grand Fernand Raynaud, on le vit, son sketch. Franchement, c’est un classique !
Après un café noir très fort, je sors du brouillard matinal, je retrouve Yveline pour un covoiturage. Et là, en route, direction Annecy, l’excitation est bien là. Soyons honnêtes, il a bien fallu ce café très corsé pour nous tirer des bras de Morphée, pour qu’un réveil à 5h du matin, mine de rien, soit aussi attrayant et réjouissant. Une belle aventure nous attend.
À 6h30, nous voilà à Annecy sur le lieu du départ, entourées des cyclos des autres clubs FFCT/FFvélo. Tous, on est prêts à relever le défi de pédaler jusqu’à Paris. Avec nos vélos bien briqués, avec des sourires allant d’une oreille à l’autre, on a le look super-héros… on dirait, quand on nous regarde de plus près, une bande d’ados ravis de partir en colo.
Notre joyeuse organisatrice, Marie-Christine, a tout prévu. Ravitos, pique-niques, voiture balai, hôtels. On croirait presque qu’on part pour des vacances en formule “all inclusive” ! Et je pense en moi-même : dans ce forfait où tout est compris, pourquoi ne demanderait-on pas qu’à la fin de la journée de pédalage on ait aussi un p’tit massage ?
Les étapes
J1 – Dimanche 26 mai
ANNECY – Poncin (Ain)
100 km et 1250 D+
Cuisses en forme… pour l’instant ! Et rêves de gloire
Et hop ! c’est le matin du premier jour, nous voilà partis ! On attaque fort avec le Bugey et ses cols. Heureusement, on est encore dans notre région, on a nos repères, on pilote à vue. Pas besoin de GPS pour se perdre ! Et puis tout en nous est frais le premier jour, les esprits, et les cuisses aussi. Cette première étape se déroule comme un rêve. Il faut quand-même qu’un rabat-joie nous douche l’enthousiasme d’un intempestif : “Ouais… tu parles… c’est juste le premier jour…on en reparlera… “C’est pas perfide, ça ? Grincheux, va !
J2 – Lundi 27 mai
Poncin – Cluny (Saône-et-Loire)
92 km et 730 D+
A nous, la Bourgogne ! Préparez le bœuf bourguignon !
On quitte notre région, on entre en Bourgogne Franche-Comté. Juste une petite averse quand on arrive à Mâcon, histoire de nous rappeler qui est le patron ! Au programme : montées-descentes et la Voie Verte du Mâconnais. On admire la Roche de Solutré de loin, et mes cuisses… commencent à ressentir la situation de crise ! La traversée du Tunnel du Bois Clair, le plus long tunnel d’Europe praticable à vélo, est un vrai régal : 1,6 km de tranquillité et de fraîcheur. Parfait, on évite de réveiller les chauves-souris ! Et voilà qu’on entre dans Cluny, vue imprenable sur l’abbaye, tendre pensée… pour un bon verre de vin très mérité.
J3 – Mardi 28 mai
Cluny – Autun (Saône-et-Loire)
93 km et 1200 D+
Les Haut-Savoyards sous le bienveillant regard des vaches de Bourgogne
Troisième jour, direction Autun sous un soleil radieux ! Le Morvan, c’est très beau, les paysages sont à couper le souffle. Les vaches de Bourgogne nous regardent, placides. Elles paraissent étonnées de l’irruption, sur leurs terres, de Haut-Savoyards passant à grands coups de pédale. Elles se demandent sûrement : “Qu’est-ce qu’ils viennent faire là, ces agités-là ?” On se casse le nez sur des routes barrées, ça met encore du piquant. On cherche la route, on se sent encore plus déboussolées qu’un GPS ayant perdu le cap. Mais on garde le moral, grâce à une descente de toute beauté sur Autun et sa cathédrale. Un panorama qui nous en met plein la vue, vraiment. Le clou de la journée !
J4 – Mercredi 29 mai
Autun – Vézelay (Yonne)
85 km et 1000 D+
Premières pluies. On est en mode super-héros
Le matin du quatrième jour, la pluie s’invite à la fête. Parfait pour tester ma super cape de pluie, achetée spécialement pour l’occasion. Mauvais choix ! Mon poncho me joue des tours, il a décidé de se muer en parachute ! Je vous le dis, c’est comme si je m’étais mis en tête de faire front à l’ouragan, de lui faire face. À un moment, j’ai même espéré m’envoler. J’aurais été la Mary Poppins de l’étape, un peu de chance et j’aurais atterri, directement et sans avoir livré le moindre effort, à la Basilique de Vézelay ! Mais bon, c’est ça, l’expérience !
On traverse le Morvan, les paysages sont toujours splendides, juste un peu amochés par notre look “plastique pluie chic”. Dure bien sûr, la dernière côte, la basilique de Vézelay nous nargue : “Allez, grimpez ! Encore un peu, vous y êtes presque !” Et nous, hein, on lâche rien !
J5 – Jeudi 30 mai
Vézelay – Sens / Malay-le-Grand (Yonne)
110 km et 850 D+
La météo se prend pour une artiste. Nous, on reste dans le cadre !
La météo veut jouer les trouble-fête, mais finalement, c’est faiblard de sa part. On a juste un peu de pluie le matin, de timides nuages puis un franc soleil l’après-midi. On prend le canal du Nivernais vers Auxerre, on admire les joyaux de son histoire. De loin, car la route est encore longue ! Plus on approche de Paris, plus on fait la rencontre d’autres groupes de cyclos, d’autres clubs venant de partout, lancés dans la même aventure. Bien que la fatigue commence franchement à se faire sentir… et mes cuisses à protester ferme, on tient bon.
J6 – Vendredi 31 mai
Sens / Malay-le-Grand (Yonne) – PARIS
120 km et 700 D+
Adieu Bourgogne, à nous Paris. De la pluie, des crevaisons, et de la fierté !
Et voilà ! A la Bourgogne qu’on vient de traverser du sud au nord, on dit “au revoir” ! L’étape d’aujourd’hui, la dernière, ce n’est vraiment pas la plus difficile. Mais c’est certainement la plus chaotique : la pluie, le froid, la circulation, la fatigue, quelques crevaisons pour pimenter le tout… C’est pas de la petite bière, la route vers la capitale ! Ça nous aura donné du mal.
Et cependant nous y sommes. Paris, nous voilà !
Pour l’heure, vraiment pas une promenade de santé. On doit rester très concentrés pour pédaler dans Paris sous la pluie. Mais bon, c’est le grand final, et nous, nous sommes bien déterminés à finir cette aventure en beauté. Avec une insistance grandissante mes pauvres cuisses, elles, demandent un congé sabbatique. Leur question, c’est plutôt : “C’est pour bientôt ?”
On a parcouru, quelle fierté ! 600 km pour rejoindre Paris. Après s’être réchauffés et séchés, (marre de l’humidité !), on est fin prêts. On va prendre la capitale à la gorge, on va faire la Grande Parade, on va se frotter à son bitume et à ses pavés…
La Grande Parade
Ce fut le bouquet final : une balade du feu de Dieu, 25 km à travers les rues emblématiques de Paris, en compagnie de 5000 autres cyclos venus des quatre coins de France, voire de plus loin encore. Cerise sur le gâteau, Jeanne est venue nous rejoindre (vous vous rappelez sûrement Jeanne, la prof’ de gym’ charismatique de la cité scolaire Jules Ferry à Paris, celle qu’on avait accompagnée avec ses élèves dans leur Tour du Léman, cette année en mars). Pour pédaler à nos côtés, Jeanne était avec deux de ses élèves. Ce ne fut “que du bonheur”.
Balade, d’ailleurs, c’est trop peu dire. Ce ne fut pas une simple “balade”, ce fut, disons-le, un joyeux défilé folklorique, en tout point magnifique. Chaque club présent dans la Parade honorait sa région avec une fierté débordante. Pour nous, c’était sobre et retenu, tout en élégance, nous avions un drapeau haut-savoyard qui flottait fièrement au vent, il représenta la Yaute tout à fait dignement. Je l’avoue, c’est ce style, sobre et sans excès, qui nous a le mieux convenu. Nous n’en avons pas moins admiré la créativité, plus exubérante souvent, des cyclos d’autres régions de France, certains comiquement coiffés de charentaises ou de pots de moutarde vissés sur la tête. Nous (et tant mieux !), on n’a pas eu besoin de se retrouver coiffés d’un bibi “fondue savoyarde”. Convenez que ç’aurait été peu pratique à porter.
Quand le temps vint de clore cette belle aventure et de rentrer dans nos pénates, c’est en car qu’on a fait le trajet du retour. Épuisées mais ravies, les jambes lourdes mais le cœur léger, la tête emplie de souvenirs. On est enchantées, Yveline et moi, d’avoir vécu cette expérience. C’était mémorable, croyez-moi, et quand l’occasion se représentera, on remettra ça !
Les jolies colonies de vacances
Il y a eu dans cette aventure des airs de “jolies colonies de vacances”. N’oublions pas toutefois le défi sportif qu’elle a représenté, les muscles endoloris, la sueur, la fatigue.
Nos soirées y furent mémorables, on habitait parfois dans des logements… pittoresques. Mais ce qui fut le plus génial, une chance immense, ce fut la rencontrer d’autres cyclos. Quand on a posé le vélo, quand la tension retombe après les gros efforts, tout devient simple ! En même temps que le plaisir de retrouver des visages familiers, j’ai eu celui de faire la connaissance de tout nouveaux.
Avec Yveline, par exemple : on a partagé des moments super, collectionné les fous-rires. Bien qu’appartenant au même club on ne roule presque jamais ensemble (moi, c’est plutôt le genre touriste, alors qu’elle, c’est “iron woman” !). Occasion rêvée, donc, de se découvrir hors asphalte, loin de toute pression. Plaisir de rire ensemble, de savourer à fond l’aventure.
Chaque étape fut aussi, je dis ça pour rendre jaloux les fans du coup de fourchette, une vraie fête de la gastronomie bourguignonne ! Ah, les Bourguignons ! Ah ! le bœuf du même nom ! On l’a goûté et expérimenté, ce noble animal, dans toutes ses variantes culinaires : en sauce, en daube, aux pommes de terre, avec des pâtes. N’hésitez pas à nous appeler Docteur-ès-science-du-bœuf-bourguignon, on en a tant mangé qu’on pourrait écrire une thèse de mille pages et lancer un blog ! Un vrai régal. Recommandé par la Faculté, qui prescrit d’en abuser.
Bref, ce périple nous a donné de belles vacances, vécues en compagnie d’une joyeuse bande de nouveaux amis. On aurait, là-dessus, des tas d’histoires à raconter.
Hie ! Hello ! Ohé ! Copines et copains des clubs voisins, d’Annecy, de Sillingy, de Pringy, de Sallanches, de Thônes – sans compter tous ceux qu’on aurait oubliés – recevez le salut des cyclotes d’Annemasse ! Elles espèrent vous retrouver très vite pour de nouvelles aventures.
Enfin, aux organisateurs qui nous ont bichonnées, dorlotées, chouchoutées, un grand merci. C’était super !
Les jolies colonies de vacances
Merci l’Codep, merci la Yaute Tous les ans, on voudrait que ça recommence You kaïdi aïdi aïda
Cyclo-rédacteur : Marie-Cécile