Dimanche 7 juillet, 4h45. Il fait encore nuit noire. Pourtant, dans deux heures, il faudra se jeter dans le Léman.
Au menu du petit-déjeuner ? Un appétissant enchaînement de 1,9 km de natation dans une eau à 15 degrés, 90 km de vélo en position aussi aéro que tenable, 21 km de course à pied… qui nous emmènera jusqu’à l’heure du déjeuner.
Ce format L (Half) du triathlon de Genève est l’aboutissement de 9 mois d’entraînement, ou plutôt de découverte du triathlon. 9 mois pendant lesquels il a fallu structurer son entraînement – en rejoignant d’abord trois clubs spécialistes de chaque sport, dont le CAVS, puis en prenant un seul coach ; composer avec les impératifs professionnels ; trouver la motivation pour délivrer les 9 séances hebdomadaires – plus ou moins 12h – comme un métronome.
6h00
Arrivée au parc à vélo. Rien à voir avec le format M (Standard) qui courrait la veille et pendant lequel j’ai encouragé plusieurs collègues qui faisaient leur premier triathlon.
Quatre fois moins de participants, du matériel de pointe, des compétiteurs expérimentés. L’ambiance est studieuse. En préparant ses affaires, chacun se rappelle l’investissement fourni et l’objectif visé.
Pour ma part, 12h hebdomadaires entre octobre et avril – dont ma sortie longue avec le CAVS, puis les montagnes russes jusqu’à mi-juin. Impossible donc de viser un chrono (sub) sous les 5h initialement espéré, un sub 5h30 serait déjà un presque miracle – coupons court au suspense, il ne se réalisera pas…
7h00
Natation __
La montre est lancée, c’est parti pour la natation. L’eau est froide mais le bon échauffement réalisé quelques minutes auparavant me permet de garder le cardio sous contrôle. J’ai retenu la leçon de mon premier triathlon, le M de Thonon, trois semaines plus tôt : faute d’échauffement suffisant, j’avais passé la moitié de la nage à faire redescendre un cœur monté à 190 bpm au bout de 200 m…
Prudent, je pars aux trois quarts du paquet et prends les pieds d’un triathlète plus expérimenté. La première boucle de 950 m se passe bien, je n’ai pas froid avec la combinaison et j’ai peu zigzagué, mais je suis lent. Je décide donc de me défaire de mon guide à l’entame de la seconde boucle.
Les sensations sont bonnes, je prends du plaisir à nager seul. Sortie de l’eau en 47 minutes. L’impossibilité du sub 5h se confirme, il reste 2 épreuves.
Transition 1
Compte tenu de la taille de la zone de transition, je savais que je ne pourrai pas réitérer les deux minutes de Thonon. Mais je ne me doutais pas que l’eau glacée allait tripler cette durée. Avec les doigts gelés, la chorégraphie s’enraye : enlever la combinaison et mettre les chaussettes me prennent un temps fou. T1 en 6 minutes.
- Vélo _
En sautant sur mon vélo, je savais que je devais maintenir une moyenne de 33 km/h sur les quatre boucles de 22,5 km du parcours pour sécuriser le sub 5h30.
Dès la première boucle, la montée de Cologny me ramène à la réalité : je n’ai pas assez roulé à l’entraînement pour tenir une telle moyenne.
Les deux premières boucles se passent bien, 45 km à 29 km/h de moyenne.
A l’entame de la troisième, je sens déjà que je vais regretter les maigres – 70 km maximum – et tardives – début juin – sorties en vélo de contre-la-montre (CLM) : les lombaires et le cou souffrent pour maintenir la position aéro.
Je m’étire dans les descentes, la moyenne reste stable et la douleur s’estompe au bout de 20 km.
La quatrième et dernière boucle est le seul moment de l’épreuve pendant laquelle je n’ai pas pris de plaisir : le parcours est répétitif, la position aéro difficile à tenir, la moyenne en légère baisse. Sans compter le silence de cathédrale lors du demi-tour près de la plage, pourtant seul endroit du parcours où les (rares) spectateurs peuvent encourager les athlètes… Je m’emploie alors – et comme le triathlon ne pardonne rien, je le paierai plus tard… – pour ne pas descendre sous les 27 km/h afin de ne pas compromettre le sub 5h45.
Fin du vélo en 3h14, je mesure alors combien la performance globale repose sur ce sport lorsque la distance s’allonge. C’est bel et bien le sport le plus “rentable” à travailler.
Transition 2
-- Course à pied
Je sors du parc de change sur une moyenne certes relativement rapide mais respectée sans forcer pendant les 10 km à Thonon.
Aïe… Au bout d’un kilomètre, ma jambe gauche toute entière me rappelle le léger sur-régime à vélo. Je m’arrête, m’étire, marche quelques mètres. Je vois le sub 5h45 s’éloigner mais je n’ai pas le choix : la priorité est d’avancer sans risquer la crampe. Je me résous à adopter mon allure de footing : je récupère tout en remontant des places – à ma grande surprise.
J’avais sur-estimé mes chronos mais sous-estimé ma résistance. Les visages des compétiteurs sont marqués par l’effort. L’impression est celle d’une armée de morts-vivants qui chemine entre les cônes, plus vraiment lucides mais toujours en mouvement.
Au bout de 10 km, la menace de la crampe est passée. Je commence à hausser le rythme, calculant qu’un chrono de 5h45 est encore atteignable. Je finis au sprint, à 26 secondes de l’objectif. Rageant mais compréhensible avec une course à pied en gestion.
Fin. 178e/350.
Le triathlon est vraiment un sport de zinzin !
Je retrouve mes proches, plutôt déçu de mon temps. Eux, sportifs réguliers mais loisir, réalisent, en regardant les derniers coureurs hagards sur le parcours, l’impact de près de 6h d’effort… et l’intérêt de s’entraîner plus de 8h par semaine pour bien finir.
Certes déçu, mais déjà en auto-débrief sur les ajustements à faire pour le 70.3 de Nice en juin prochain. Ce sport de zinzin n’en a définitivement pas fini avec moi.
Cyclo rédacteur : Jonathan C., le “zinzin” du club !