Sur la route de Manosque

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Sur la route de Manosque… j’ai rencontré le chevalier des temps modernes de la route Napoléon !

Tout commence quand je reçois un message URGENT de notre présidente du club des cyclos annemassiens qui annonce qu’une place s’est libérée pour le séjour du club à Manosque , organisé du 28 mai au 1er juin.

Nous sommes le 24 avril 2025. J’avais oublié l’organisation de ce séjour, mais je me souviens alors que, l’année passée, sur demande de Marie-Cécile, je lui avais communiqué les parcours du BCMF de Manosque , auquel j’avais participé en 2005 !

20 ans déjà et , ce week-end là, j’avais été capable de faire, en deux jours 223 km et 3823 m de D+ ! En retrouvant le diplôme de ce séjour de quatre jours, du 8 au 11 juillet 2005, tout me revient en mémoire… Le décès prématuré de notre présidente Christiane en décembre 2004 et ma décision de prendre sa succession….Je me souviens… je revois le transport en car organisé par le Codep au départ d’Annecy avec 35 cyclos, dont une majorité du Vélo Club d’Annecy et seulement quatre participants des cyclos annemassiens ; le chargement de la remorque à 5h du matin , le 8 juillet, sur la place des romains, avec les vélos suspendus par la roue avant.

Le circuit partait de Manosque le 9 juillet à 13h, après couchage au centre regain de Sainte-Tulle (à 6km du centre de Manosque) pour une première boucle vers Reillane et Céreste en Luberon. Le lendemain départ 7h vers Forcalquier et la montagne de Lure, repas à Sisteron , et retour par Sigonce, Lurs et Volx. retour à Annecy le 11.

Je consulte les détails du séjour des annemassiens à Manosque et j’y trouve 33 inscrit(e)s… comme 20 ans plus tôt ! Ravi de retrouver le Luberon et profiter d’aller saluer mes cousins enterrés dans le petit cimetière de Viens, (les descendants de ma grand Tante Antoinette Victorine Esposito, retrouvés en 2001 et depuis décédés), qui vécurent une vie de labeur dans des fermes du Luberon et qu’ils m’ont racontée les vingt dernières années de leurs vies…

Depuis quelques semaines j’ai repris les sorties avec le groupe VAE du club des cyclos annemassiens et cela sera donc l’occasion de rencontrer plusieurs des nouveaux membres du club que je ne connais pas encore…..Je décide donc de m’inscrire et je demande à Marie-Cécile de me trouver un chauffeur car j’ai trouvé un loueur de VAE à Manoque et je suis prêt à partir !

J’ai la chance de pouvoir profiter de la voiture d’une nouvelle licenciée au club, Catherine L. une charmante personne que je rencontre lors de mes premières sorties avec le groupe VAE et qui vient aussi de s’inscrire au séjour.

En route pour Manosque avec Catherine

Mon chauffeur sera une conductrice qui viens de compléter ses trois sorties vélo gratuites et dont j’ai constaté qu’elle suit déjà sans problèmes les sorties de groupe avec son VAE. Parmi les 33 participant(e)s au séjour , il y a sept ou huit VAE et on pourra donc rouler ensemble comme au club.

On a convenu , avec Catherine, de partir le 28 mai vers 13h car elle doit travailler le matin. Elle conduit une Peugeot 207 couleur cerise , un diesel avec 100 000 km au compteur, qu’elle a pris soin de donner à réviser bien avant ce départ.

Cela fait deux ans que je n’ai plus de voiture et Catherine est ravie d’avoir de la compagnie pour ce long trajet qu’elle ne connaît pas car elle n’aime pas trop conduire sur l’autoroute. Je connais la route et cela la rassure… Le GPS nous annonce environ 400 km et 4h30 de route.

Dès notre entrée sur l’A40, à Etrembières, je réalise que la route va être longue… Elle ne dépasse jamais les 100km/h et n’a pas la bonne technique pour doubler les poids lourds ; ne dépassant jamais cette vitesse, elle reste donc derrière…J’essaie de lui expliquer la technique…mais je n’insiste pas car je n’ai pas envie de conduire et j’apprécie d’avoir sa compagnie pour découvrir cette fameuse route Napoléon que je n’ai pas empruntée depuis des lustres !

Nous nous arrêtons pour déjeuner sur une aire d’autoroute juste avant la traversée de Grenoble. Je découvre une amoureuse des voyages à vélo qui a déjà pas mal d’expérience dans ce domaine et qui est déjà bien en jambes puisqu’elle va aux travail à Genève en VAE, environ 15km par jour…ce qui veut dire qu’elle a déjà, en ce 28 mai , en plus de ses trois premières sorties clubs, parcouru environ 1500 km ! Pas étonnant donc qu’elle soit capable de suivre sans problème le groupe VAE.

Après Grenoble, direction Sisteron par l’autoroute , c’est le GPS qui nous guide ; mais, arrivés à Sisteron , nous prenons par erreur la direction de Gap au lieux d’Aix-Marseille, faute inexcusable pour un Marseillais ! Il faut attendre la sortie suivante pour faire demi-tour….et on arrive au but, le Camping Provence Vallée de Manoque vers 19h30 (6h30 de route au lieu de 4h30).

Quand on est partie par erreur vers Gap, j’ai constaté que Catherine , sur l ‘A51 , avait appuyée sur le champignon et fonçait à plus de 100 km/h vers Manosque. La crainte de l’Autoroute venait de disparaître et la technique pour doubler les camions semblait soudainement maîtrisée. Un acquis qui sembla la satisfaire malgré le long trajet.

Le retour des naufragés de la route

Les parcours du séjour ont été très appréciés. Nous étions trois à avoir loué les VAE sur place, Catherine, Mady et Moi . Nous avions tous le même modèle, un Lapierre explorer, que Catherine maîtrisa aussi bien que son VAE de travail. Nous avons couvert environ 220 km et 3000 m de D+ en trois jours.

Mon projet de pédaler jusqu’au cimetière de Viens, que je pensais réaliser en arrivant plus tôt est tombé à l’eau, car le camping était complet les jours non réservés par le club. Nous sommes repartis le 1er juin vers 11h et Catherine était enthousiaste à l’idée de reprendre la route, et moi aussi, convaincu que son expérience du premier jour allait nous permettre de rentrer plus rapidement.

Après une heure de route, nous sommes soudain bloqués dans un bouchon routier à Laragne-Montéglin, lorsque, sous nos yeux ébahis , s’affiche une alerte de surchauffe du moteur ; le voyant de température reste bloqué au maximum ce qui est inquiétant. De plus, nous sommes à l’arrêt depuis plusieurs minutes à l’entrée du village. Nous venons de passer devant un garage Renault, à droite, qui est fermé mais sur notre gauche il y en a un autre dont la barrière d’accès semble ouverte et nous décidons d’y entrer pour refroidir le moteur et aussi trouver un coin d’ombre, il fait déjà 27 degrès !

C’est le garage Audibert ; nous y trouvons une place ombragée, interpellons un chauffeur en train de monter un véhicule sur une remorque, qui nous autorise à attendre, sur place, son retour . Catherine en profite pour contacter l’assistance de son véhicule (MAAF) qui lui confirme qu’il vont commander un taxi pour nous ramener à Annemasse. Elle est au bord de l’évanouissement, devant cette panne inattendue , malgré la révision récente de son véhicule. Heureusement, la salle de réception du Garage est climatisée et nous pouvons échapper à la canicule et Catherine reprend confiance après l’annonce du taxi, car elle doit reprendre le travail lundi.

Le trajet du retour, entre bouchons et déviations
Ce dimanche, c’est pas moins de trois personnes du garage que nous rencontrons et qui nous conseillent aimablement ; si bien que nous demandons à l’assurance de faire réparer la voiture ici plutôt que de demander à un autre dépanneur, ce qui est finalement accepté.

C’est seulement trois heures plus tard qu’un taxi arrive, un grand monospace de sept places qui accueille largement tous nos bagages et le soulagement apparaît de nouveau sur le visage de Catherine à la vision de ce sauveur tant attendu.

Il s’appelle Bruno, employé de la société de transport TRABUC de Sisteron, pour laquelle il a déjà travaillé quelques années plus tôt. Catherine s’installe sur les trois sièges du milieu et je monte près du conducteur. C’est un homme d’une cinquantaine d’année qui a fait des études et qui a dirigé une équipe de transport social pendant des années avant d’être licencié. Il est revenu chez TRABUC comme chauffeur et passe la majorité de son temps sur la route, en course, et apprécie la convivialité des contacts avec les naufragés de la route, comme nous, qu’il transporte ; ce travail, mal payé, est son seul gagne-pain.

Après avoir dépassé Serres, nouveau bouchon vers Aspes-sur-Buëch sur la E712, qui convainc Bruno de prendre un raccourci par la D993 via le col de la Haute Baume , Montbrand et La Faurie pour rejoindre la E712 en direction du col de la Croix Haute. Un paysage forestier à couper le souffle, sur une route étroite, mais envahie par les autres conducteurs qui ont eu la même idée ; on roule à tombeau ouvert sur un itinéraire cycliste, c’est impressionnant !

Les ralentissements sont nombreux après le col de la Croix, sans raison apparente, et nous rejoignons ensuite l’autoroute vers Grenoble qui nous ramène à Annemasse vers 21h30. Dès mon arrivée, j’ai écrit le texte suivant pour l’envoyer à Bruno en remerciement de son transport :

Le chevalier des temps modernes de la route Napoléon
Vous qui avait surgit au volant d’un coursier
Pour soulager nos corps en grande détresse,
Vous avez réussi l’incroyable prouesse
De nous sortir, corps et biens, d’un triste bourbier.

Cyclistes naufragés dans la Haute-Provence
Nous avons vu surgir un preux chevalier
Délaissant le calme de sa belle résidence
Pour libérer nos âmes du trafic routier

Soudain victimes d’un moteur en surchauffe
Le dimanche, dans un interminable bouchon,
Seuls, en bord de route, sous un soleil de plomb,
Vous êtes devenu le sauveur le plus proche.

Celui qui, sans relâche, répond aux appels,
De ces éternels naufragés de la route.
Celui qui rassure, pour enlever les doutes,
Accueilli toujours, comme un envoyé du ciel.

Le retour fut moins long en votre compagnie,
Qui dissipa vite l’angoisse et la peur,
Promettant ainsi un retour avant la nuit.
De cette route, vous fûtes notre Empereur !

Gilbert Esposito, le 1er juin 2025, Pour Bruno ! Le chauffeur de taxi de la société de transport TRABUC qui, au départ de Laragne-Montéglin, nous a conduit à Annemasse, ce jour-là.

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