Une vie à bicyclette…

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« Moi, mon truc, c’est l’vélo », serinait Fernand Reynaud dans un sketch fameux, l’un des plus désopilants de son répertoire. A réécouter. Ça ne dit rien aux moins de quarante ans, le comique de Fernand Reynaud. Mais pour ceux qui naviguent entre deux âges – c’est mon cas – le très drôle “Moi, mon truc, c’est le vélo” marque encore les mémoires. Les faiseurs de bons mots ajoutent qu’à propos de vélo, le grand Fernand “en connaissait un rayon”. Si son truc c’était le vélo, c’est aussi le mien, et depuis toujours.

Fernand n’était pas le seul, il s’en faut, à s’éclater sur un vélo. Chez nous, par exemple, c’était de famille : Maman, Papa, ma grande sœur, mon grand frère et moi, nous adorions ça. Mon père était membre d’un club cyclotouriste, il n’y a d’ailleurs que peu d’années qu’il a raccroché. Moi, je l’admirais (c’est toujours le cas Papa, rassure-toi). Le voyant peser sur ses pédales, moi je l’encourageais. Je ne criais pas “Vas y Poupou !”, je criais “Vas y Papa !”.

d76d3b88ee6f0844fd543524573eb057--la-parisienne-cagedLes parents avaient imposé à leurs trois rejetons le vélo comme moyen de transport. Pendant les vacances d’été, quelles que soient nos activités, c’était notre façon de nous déplacer. Nous avons usé nos fonds de culotte sur des selles de vélo plutôt que sur des sièges d’auto. Pas question de se rendre à l’atelier musique, au cinéma ou à la piscine en familial taxi, Maman nous aurait dit “Nenni”.
A l’adolescence, encore et toujours, j’ai trouvé le vélo bien pratique. Idéal, cet outil, pour les balades entre copines. Ainsi, je dois le dire, que pour aller rejoindre un amoureux les après-midi en catimini.

Les années passant, le vélo s’est révélé le meilleur moyen pour moi de “décompresser”. Ou, pour dire pareil tout en disant le contraire, de rester “gonflée à bloc”. De garder, en tout cas, la forme et la sérénité.
C’était vrai en vacances, mais c’était vrai aussi dans la vraie vie. Le vélo, c’était ma bouffée d’oxygène avant le travail, ou après. J’ai été musicienne dans ma vie d’avant, quinze années clarinettiste de métier. Excellent, le vélo, dans ce boulot ! Je travaillais mon souffle. En même temps que je m’emplissais les poumons je me vidais la tête. Avant mes concerts, c’était ma recette.

07-09-04Aujourd’hui, foin de la solitude, je ne pédale plus qu’en groupe. Le vélo avec une bonne bande de bons copains, c’est quand-même ça la trouvaille ! C’est génial ! Balade et franche rigolade d’un côté, sport et bien-être de l’autre, comment mieux marier plaisir et santé ? image

Je me suis inscrite au Club il y a six ans, en m’installant dans la région. J’étais un peu perdue, je commençais une nouvelle vie loin de tout ce que j’avais connu. Quand je pense au poids que j’ai été pour les copains les premiers temps que j’étais au Club ! J’ai sûrement été la plus pénible à traîner. Toutes les ruses que vous avez tentées pour me tirer, m’arracher ! Ah ! Vous n’avez pas démérité !

humour-veloMais la vie nous réserve bien des surprises. Depuis quelques mois, voilà qu’il s’est produit un déclic en moi ! Voilà que je ne demande qu’à avaler des kilomètres, depuis quelques mois. Voilà que je n’en ai jamais assez. “On vous en met encore cinquante, ma p’tite dame ? – Cinquante seulement ? Vous voulez rire, moi c’est encore cent-cinquante que je veux parcourir”. Une grimpette sur route en lacets ? Une côte à dix pour cent ? C’est du pur plaisir. Ventoux et Galibier n’ont qu’à bien se tenir.

Le vélo, c’est maintenant l’activité de week-end à ne rater pour rien au monde. C’est ma drogue, j’ai les crocs, je suis accro. C’est grave, Docteur ? Je dis ici un grand merci à tous les copains cyclos du Club qui, ces dernières années, ont bien voulu se plier aux exigences de la petite nouvelle qui voulait des itinéraires ni trop longs, ni trop courts, quelques montées mais pas trop sur les parcours, des tracés demandant l’effort, d’accord, mais plan-plan quand-même.

11-07-09Ô ! La Sainte Patience qu’ont eue pour moi les copains du Club !

Ils ont bien voulu s’aligner, généreux, sur mon petit niveau. Arrangeants, indulgents, ils ont renoncé pour moi, plein de fois, à leurs glorieuses ambitions cyclotouristes. Ils ont bien voulu remettre à plus tard, au moment où je pourrai enfin les suivre, l’accomplissement des visées élevées de tous les toqués du vélo : “plus loin, ailleurs, plus haut”.

A chaque sortie, les nouveaux horizons, les imprenables panoramas, du haut de cols qu’on maudissait encore dix minutes avant, crachant ses poumons en les grimpant. On oublie tout une fois en haut, c’est trop beau. L’émerveillement, c’est bien ça le mot. dessin-vc3a9loEt encore les pique-niques dans des coins insolites, quand on part pour la journée entière ! Et les pauses café ! Et les fous-rires ! Mais aussi les crevaisons, nom de nom !
On s’exclame, on se marre, on s’exaspère, on jure ses Grands Dieux que ce diable de vélo, hein, on ne nous y prendra plus. Mais c’est Lui, le Vélo, qui toujours nous reprend.

Mon Club de cyclo c’est ma liberté, mon ticket santé, mon identité. C’est ma seconde nature. Tellement ma nature, que si je voulais la chasser elle reviendrait au galop.

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Cet article a également été publié dans la revue Fédérale de décembre 2017

Merci à tous mes amis cyclos !
Cyclo rédacteur : Marie-Cécile, Webmaster des cyclos. 96567332_o

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